La présidente du Brésil Dilma Rousseff souhaite que le choix de l'avionneur s'accompagne d'un transfert de technologies militaires.
Source Reuters La présidente du Brésil Dilma Rousseff juge que le F-18 de Boeing est le meilleur des trois appareils finalistes pour l'appel d'offres portant sur la livraison d'avions de chasse à l'armée de l'air brésilienne, a-t-on appris mardi de sources proches du dossier. La question a été soulevée lundi lors d'une rencontre entre la dirigeante brésilienne et Timothy Geithner, le secrétaire américain au Trésor.
L'avionneur américain est en compétition avec le Rafale du français Dassault et le Gripen du suédois Saab. Luiz Inacio Lula da Silva, prédécesseur de Dilma Rousseff, a quitté la présidence du pays le 1er janvier sans avoir mis un point final au dossier, lui laissant la responsabilité du choix définitif. Il avait, à plusieurs reprises, fait part de sa préférence pour le Rafale en dépit des réticences de l'armée de l'air brésilienne.
Transfert de technologies
La nouvelle présidente brésilienne a, elle, décidé de revoir le dossier depuis le début et n'a pas de préférence particulière pour le moment, a dit une source gouvernementale. Les propos de Dilma Rousseff laissent entendre que sa préférence va à l'américain, même si la présidente brésilienne entend faire pression sur les groupes en lice pour qu'ils améliorent leur offre. Selon plusieurs sources, Dilma Rousseff souhaite notamment que le choix de l'avionneur s'accompagne d'un transfert de technologies militaires sensibles vers le Brésil.
Des considérations diplomatiques pourraient aussi entrer en jeu, Dilma Rousseff semblant pencher vers une amélioration des relations avec Washington, qui s'étaient détériorées dans les dernières années de la présidence Lula. Contacté, un porte-parole de la présidence a refusé de commenter ces informations
rafale
En septembre 2009, le président brésilien de l'époque, Luiz Inacio Lula da Silva, et Nicolas Sarkozy annonçaient que le Brésil avait décidé de mener des négociations exclusives avec Dassault pour équiper son armée de chasseurs Rafale. Une excellente nouvelle pour l'appareil français, encore jamais vendu à l'étranger, et qui trouvait là un moyen de damer le pion de ses rivaux, notamment le F/A-18 Super Hornet de l'américain Boeing et le Gripen NG du suédois Saab. Avec à la clé un marché estimé entre 4 et 7 milliards de dollars.
Pourtant, près d'un an et demi plus tard, le fameux contrat n'est pas signé. Il semble même de plus en plus loin de l'être. Si Lula a, à plusieurs reprises, fait part de sa préférence pour le Rafale, ce qui a donné à penser que la décision finale ne serait qu'une formalité, il a finalement quitté la présidence du pays le 1er janvier sans avoir mis un point final au dossier. Laissant à celle qui lui a succédé, Dilma Rousseff, la responsabilité du choix définitif.
Espoirs et revirements
Or la nouvelle présidente brésilienne a décidé de revoir le dossier depuis le début. Et, selon une source gouvernementale, contrairement à son prédécesseur, elle n'affiche pas de préférence particulière pour le moment. Elle semble bien décidée à réexaminer le détail de l'ensemble des offres et recherche de nouvelles garanties sur certaines questions sensibles. Ainsi, la semaine dernière, elle a demandé à des sénateurs américains en visite au Brésil de nouvelles garanties de transfert de technologie dans le cadre de l'offre de Boeing, ont fait savoir des sources au fait des discussions.
Il ne s'agit là que du dernier revirement en date dans un dossier qui a déjà suscité pour l'avionneur français bien des espoirs et des désillusions. En dépit de son prix plus élevé, le Rafale a longtemps fait figure de favori en raison du transfert de technologie "sans restrictions" promis par Nicolas Sarkozy. Et au-delà, Lula a toujours insisté sur le caractère politique de cette décision, soulignant que le Brésil ne voulait pas seulement acheter un avion mais aussi une technologie pour lui permettre de construire son propre appareil et de le vendre à ses voisins latino-américains. Mais le premier revirement était intervenu peu après les annonces faites par Lula et Nicolas Sarkozy, lorsque le gouvernement brésilien avait reculé et annoncé que la compétition était encore ouverte. Puis lorsque Lula avait quitté le pouvoir en léguant le dossier à Dilma Rousseff, alors même qu'il avait annoncé une décision avant de quitter la présidence.
Désormais, l'achat du Rafale apparaît de moins en moins certain. Et la France semble être allée au bout de ce qu'elle pouvait offrir en matière de transferts technologiques. Selon un câble diplomatique américain confidentiel de novembre 2009, diffusé par le site WikiLeaks et cité par le journal Le Monde, Paris serait allé jusqu'à promettre au Brésil les codes informatiques du Rafale, soit le coeur de l'avionique de l'appareil. Et selon un autre document cité par WikiLeaks, le chef de l'armée de l'air brésilienne, le général Juniti Saito, aurait dit à des officiels américains qu'il estimait "que, d'un point de vue technique, il ne faisait aucun doute que le F18 était le meilleur avion". Des considérations diplomatiques pourraient aussi entrer en jeu, Dilma Rousseff semblant pencher vers une amélioration des relations avec Washington, qui s'étaient détériorées dans les dernières années de la présidence Lula. La durée du réexamen décidé par Rousseff n'est pas encore connue ; elle pourrait se contenter d'étudier les offres existantes plutôt que de demander aux candidats de revoir complètement leurs copies sur l'aspect technique, un processus qui pourrait prendre plusieurs années